(25 janvier – 16 février)
Pour les trois semaines que nous passerons à Buenos Aires, nous avons loué un appartement dans le quartier Recoleta. Nous logeons au 3e étage d’un immeuble qui en compte 12. Moderne et très propre, avec cuisine et balcon.




Notre quartier dispose de tout ce qu’il nous faut pour satisfaire nos besoins. Dans un rayon de 300 mètres, nous trouvons un grand supermarché, plusieurs magasins de fruits et légumes, deux importantes avenues avec de nombreux commerces de toutes sortes (vêtements, souliers, hi-fi), un magasin de produits naturels, avec un grand choix de produits véganes et sans gluten, un petit commerce de réparation de souliers et de vêtements, des restaurants, deux beaux parcs, un musée et même un théâtre! La blanchisserie aussi est à portée de main: c’est la femme du concierge, qui habite au 10ème étage, qui lavera notre linge pour une somme très modique.
Ah, Buenos Aires, la grande capitale mythique de plus de 3 millions d’habitants (15 millions pour l’agglomération), il faut l’apprivoiser! Nous commencerons par nous repérer dans quartier, puis nous nous déplacerons à pied vers les principales places du centre historique (30 – 45 min), étudierons le plan des lignes de métro, trouverons un kiosque pour acheter une carte SUBE, indispensable pour se déplacer en bus, qui sera finalement notre moyen de déplacement pour les destinations lointaines.
La Plaza San Martin
En survolant Buenos Aires lors de notre arrivée, nous avions déjà été frappé par l’aspect très vert de la capitale: de nombreux parcs, mais surtout de nombreuses allées d’arbres. Cela se vérifie lors de notre visite de la place San Martin, où l’on a érigé une statue de bronze en l’honneur de San Martin, héros argentin de l’indépendance de l’Argentine, du Chili et du Pérou. Le parc est planté de nombreux et magnifiques acacias géants, qui procurent une ombre bienfaisante. Nous admirons aussi l’architecture des immeubles environnants.








La place domine une autre place, la Plaza Fuerza Aérea Argentina, où des résidents britanniques ont construit la Torre Monumental. Un ascenseur mène à une terrasse d’où nous profitons d’une superbe vue sur la ville.




Au loin, on aperçoit l’estuaire du Rio de la Plata.


La Plaza de Mayo, El Puente de la Mujer
Il fait très chaud à Buenos Aires, plus de 30 degrés. C’est pourquoi nous attendons 16h pour effectuer notre promenade jusqu’à à la Plaza de Mayo, le cœur de la capitale. Notre itinéraire d’environ 35 min passe par le Parque Lavalle et la place de la République, où se dresse le fameux obélisque.
le parque lavalle
Grand parc rectangulaire, entouré de bâtiments importants, dont le prestigieux Teatro Colòn.






le théâtre colòn
C’est l’une des salle d’opéra les plus importantes du monde, du niveau de La Scala de Milán. Nous n’aurons malheureusement pas eu l’occasion de le visiter.


la place de la république
Située à l’intersection de trois grandes artères, elle se distingue avant tout pour l’immense obélisque qui y a été érigé en 1936 pour le quatrième centenaire de la fondation de la ville. Dimensions: 67,5 m de haut, 49 m2 de base. A Buenos Aires, d’une manière générale, la circulation est dense, mais fluide.




la plaza de mayo
Une longue avenue, la “Diagonal Norte”, mène de la place de la République à la place de Mai, le site central de Buenos Aires. Celle-ci est entourée de plusieurs bâtiments importants: la cathédrale métropolitaine le Cabildo (ancienne municipalité), la Casa Rosada, où réside le président de la République, l’édifice du gouvernement de la ville et le siège central de la Banque de la Nation.
Sur la place, qui mesure environ 200 m sur 100, on trouve la Pyramide de Mai, édifiée à l’occasion du premier anniversaire de la révolution du 25 mai 1810, ainsi que la statue du général Manuel Belgrano, un des principaux acteurs de la guerre d’indépendance et créateur du drapeau argentin.




la cathédrale métropolitaine
Impressionnante et étonnante cathédrale, dont la façade est constituée de 12 colonnes aux chapiteaux corinthiens et d’un fronton triangulaire sculpté représentant les retrouvailles de Jacob et de Joseph. Richement décorée, elle abrite le mausolée du général San Martin, principal héros de l’indépendance de l’Argentine en 1816.






el puente de la mujer
De la place de Mai, nous décidons de prolonger notre promenade jusqu’au quartier voisin de Puerto Madero, où nous sommes fascinés par l’architecture des gratte-ciel. Mais notre but est la découverte du fameux « Pont de la Femme », un élégant pont piétonnier, dont la section centrale, supportée par une aiguille d’acier, peut opérer une rotation de 90 degrés, afin de laisser passer les bateaux.










C’est là que nous que nous assisterons pour la première fois à un tango dansé dans la rue.
Non loin du pont est amarrée une ancienne frégate, une école d’officiers marins qui fait aujourd’hui office de musée.


La Reserva ecológica Costanera Sur
Située au bord du Rio de la Plata, cette réserve naturelle est un vaste marais où l’on peut voir plus de 300 oiseaux. Par une magnifique journée, nous nous y rendons à pied (env. 45 min), équipés de nos jumelles et d’un pique-nique. Nous serons malheureusement déçus. D’une part, vu l’heure tardive (11h), nous ne verrons et n’entendrons que peu d’oiseaux; d’autre part, le parc se parcourt non pas sur des sentiers ombragés, mais sur des routes poussiéreuses sillonnées par des cyclistes. De plus, les vues sur le marais sont rares. Il fait très chaud, mais heureusement nous pouvons profiter de quelques bancs ombragés. Malgré tout, un bain de nature bienfaisant, au calme, avec de belles échappées sur les eaux boueuses du Rio de la Plata. En accédant au parc, nous traversons le quartier de Puerto Madero et ses gratte-ciel impressionnants!
























El Cabildo
Le Cabildo est le bâtiment de la municipalité. Il existe à cet endroit depuis 1580, mais suite à son mauvais état, il a été entièrement reconstruit en 1725. Depuis 1938, il abrite le Museo Histórico Nacional del Cabildo y de la Revolución de Mayo. Il est largement dédié à la révolution de 1810, mais retrace aussi l’histoire du Cabildo, de la période coloniale et de l’indépendance. On se demande une fois de plus ce que les Anglais venaient faire ici, de quel droit ils occupaient des territoires qui ne leur appartenaient pas et soumettaient leur population – ce qui est encore le cas pour les Malouines! Musée très intéressant, avec beaucoup de textes, où nous passons près de deux heures. Depuis la galerie du premier étage, belle vue sur la place de Mai.










La Feria de San Telmo
Tous les dimanches, l’artère principale de ce quartier est fermée à la circulation et envahie par une véritable marée humaine. Habitants et touristes viennent chiner parmi les étals d’objets artisanaux de toute sorte. Nous sommes précisément dimanche 4 février, et nous décidons de nous y rendre en bus (après avoir acheté et chargé l’indispensable carte SUBE). Au début de cette longue rue de plus d’un kilomètre, qui aboutit à la Plaza de Mayo, nous assistons à une magnifique démonstration de tango, par un couple qui nous propose de poser pour une photo, (évidemment contre une modeste rémunération).






Nous pique-niquons sur un banc ombragé de la place de Mai, avant de prendre le bus pour un autre quartier encore plus éloigné du nôtre: la Boca.

La Boca
Ce quartier très populaire, avec ses maisons en taule ondulée aux couleurs vives, est surtout connu pour sa célèbre rue El Caminito, qui regroupe une foule d’étals et d’ateliers d’artistes, entre lesquels se produisent musiciens et danseurs de tango. C’est aussi le lieu du prestigieux club de foot Boca Juniors et de son stade La Bombonera, où s’est illustré l’illustre Maradona, qui a grandi dans la banlieue Sud de Buenos Aires.












Une journée à Colonia, Uruguay
À l’origine, l’idée était de passer deux jours à Montevideo, la capitale uruguayenne, pour assister au défilé du célèbre carnaval, mais comme nous n’avons plus pu obtenir de billets, nous y avons renoncé. En lieu et place, nous optons pour une excursion à Colonia, située à seulement 50 km de Buenos Aires, de l’autre côté du Rio de la Plata. Nous aurons ainsi fait une petite incursion en Uruguay, un pays qui ne nous attire pas particulièrement.

Une traversée de 2 heures avec le Colonia Express. Départ à 08h00, retour à 16h00. Cela nous suffit largement pour déambuler dans les rues pavées du centre historique, inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco, manger sur la terrasse ombragée d’un petit bistrot et nous balader le long du Rio.






















Un certain 7 février…
Pour marquer l’entrée dans la 80e année de vie de Roland, nous allons passer la journée à la piscine et la soirée dans un restaurant avec spectacle de tango.
Extraordinaire piscine
Il va faire 35 degrés à l’ombre (ressenti 43!), et le choix d’une piscine s’impose! En cherchant sur internet, nous tombons sur le Parque Norte, un terrain de sport de plus de 30 hectares, situé non loin de l’aéroport, à 50 min de bus, qui comprend trois grands bassins. Nous nous y rendons pour 09h00, avant que cet espace public ne soit envahi. Mais avant d’accéder à la piscine, nous devons nous soumettre à un contrôle sanitaire obligatoire: il s’agit d’inspecter nos pieds pour s’assurer que nous n’avons pas de mycoses! Nous recevons un certificat valable 30 jours… Ensuite de quoi nous louons parasol et chaises longues et serons ainsi parmi les premiers à nous installer au bord d’un des bassins. Fait particulier: les bassins sont parsemés de hauts-parleurs, qui diffusent de la musique latino, et les gens dansent dans l’eau! Magnifique ambiance familiale, où l’on se sent à l’aise. Trempettes, hamburger végane et glace à midi, sieste et re-trempettes. Alors que l’affluence semble avoir atteint son pic, nous quittons ce lieu vers 15h00, afin de nous préparer pour la soirée. https://parquenorte.com/el-parque/









soirée tango
Difficile de faire un choix parmi les multiples spectacles de tango proposés à Buenos Aires. Finalement nous retenons l’offre du Querandi, avec souper VIP, qui nous garantit une table au pied de la scène. Nous ne serons pas déçus: spectacle et orchestre de qualité, qui présente l’évolution du tango au fil des ans, depuis les origines à l’époque actuelle, où le tango est plus acrobatique! Costumes magnifiques, danseurs hors pair, lumière et son excellents. Une belle soirée, digne d’un anniversaire. Aller – retour en taxi Uber, très pratique!
Petit tour sur la Plaza de Mayo, avant l’ouverture des portes.












El Museo del Holocausto
Le Musée de l’Holocauste est situé à deux pas de chez nous. Il y a 15 jours, le nouveau président argentin est venu le visiter. Nous ne voulons pas manquer cette occasion de découvrir la façon dont l’Argentine appréhende cette page sombre de l’histoire. Le musée nous rappelle que le parti nazi a aussi sévi en Argentine, avec des milliers d’adhérents; il évoque en particulier le rassemblement de 20’000 nazis au Luna Park de Buenos Aires pour célébrer l’annexion de l’Autriche à l’Allemagne, votée à 99% lors d’un plebiscite. En outre, de nombreux criminels nazis se sont réfugiés dans ce pays après la guerre. Une salle est d’ailleurs consacrée à l’arrestation d’Adolf Eichmann en Israël. Une autre à des témoignages de personnes ayant vécu cette époque. Un beau musée, très didactique, dont nous ressortirons évidemment bouleversés deux heures plus tard, avec le message “Ne jamais oublier!”










Petite histoire d’un envoi postal…désinfecté!
Depuis quelque temps déjà, nous sommes encombrés par des vêtements et chaussures que nous n’utilisons plus, constitués en partie par des achats effectués en Équateur et au Pérou. L’idée est de les envoyer en Suisse, à l’adresse de notre fille. Nous nous déplaçons donc jusqu’au bureau de poste le plus proche, afin d’acheter un carton et nous enquérir des modalités d’envoi. Mais cette poste de quartier ne vend pas de cartons, et l’employée, très serviable, nous donne l’adresse de la poste principale, qui délivre des cartons et effectue des envois internationaux.

Lundi 12 février en début d’après-midi, nous nous rendons à pied à cette poste principale (env. 40 min), et à notre grande surprise, elle est fermée. Alors que nous cherchons une autre entrée, nous tombons sur un agent de police qui nous apprend qu’en raison du carnaval, lundi et mardi sont des jours fériés et que dès mercredi, elle sera à nouveau ouverte de 10h00 à 18h00. Contrariés, il ne nous reste plus qu’à rentrer chez nous.


Mercredi à 09h30, nous quittons l’appartement pour être à la poste dès son ouverture. Nous trouvons tout de suite le bon guichet et achetons 2 cartons de taille moyenne, le dernier exemplaire du grand modèle étant en mauvais état. Retour à la maison pour remplir nos cartons, repas, puis nouveau départ vers la poste, en bus cette fois, car nous transportons plus de 7 kg au total. Et nous nous présentons au même guichet des paquets aux alentours de 14h30.

Là on nous envoie au guichet des envois internationaux, à 100 m à droite en sortant. Nous attendons patiemment notre tour et lorsque c’est à nous, on nous pose une question qui nous laisse complètement pantois: « Avez-vous le certificat de désinfection? » Hein, quoi?! Eh oui, pour passer la douane, un paquet contenant des vêtements usagés doit être accompagné d’un certificat de désinfection! Pour l’obtenir, il faut se déplacer au ministère de la santé, qui se trouve à l’autre bout de la ville! On nous remet un papier avec l’adresse.

Le problème est que ce bureau ferme à 15h00 et que ce n’est plus faisable aujourd’hui. Nous rentrons donc avec nos paquets, consternés par cette tracasserie administrative complètement aberrante, à laquelle nous sommes bien obligés de nous soumettre. Sans doute une de ces mesures stupides datant de l’époque du Covid 19…
Le lendemain matin, après avoir accompli un long trajet en bus, nous nous présentons peu après 10h00 à ce fameux guichet de la « santé des frontières », sis au ministère de la santé. Nous expliquons notre cas à un aimable employé, qui nous demande d’attendre quelques instants. Trois minutes plus tard, sans avoir touché à nos paquets, il revient avec un certificat valable pour les deux paquets! Voilà donc le papier que nous devons joindre à l’expédition, obtenu en moins de deux par un fonctionnaire qui s’avère être plus intelligent que ceux de la douane!

Vite fait bien fait, nous montons dans le prochain bus qui nous mène à la poste, où nous présentons le dit certificat. Un fonctionnaire vérifie rapidement le contenu, avant de nous proposer de réunir nos affaires dans un seul grand carton, en bon état cette fois, afin de réduire les frais d’envoi. Ce que nous faisons. Il nous faut ensuite remplir plusieurs formulaires, en répétant à chaque fois l’adresse de l’expéditeur et du destinataire du colis.

Le paquet est ensuite étiqueté et soigneusement scotché. Tout est en ordre et c’est le moment de passer à la caisse: cela nous revient à CHF 218.- Mais le jeu en vaut largement la chandelle! En sortant, nous poussons un grand ouf de soulagement. Il était temps, car le lendemain, nous nous envolons pour Salta!
Le paquet arrivera déjà à destination 8 jours plus tard (alors qu’une simple carte postale a mis plus de trois semaines!).

En rentrant, nous passons une dernière fois par la la Plaza Canada, où se dresse un totem traditionnel offert par le Canada, et par la Plaza San Martin, avec son monument aux victimes des Malouines et ses beaux arbres, en particulier ce gommier gigantesque, qui en occupe le centre.











Espacio Memoria y Derechos Humanos
Durant la dictature du général Videla de 1976 à 1983, l’Ecole de mécanique de la marine était le plus grand centre de détention illégale et de torture d’Argentine. Les victimes (plus de 5000) étaient enlevées pour être torturées dans le Casino de Oficiales (club des officiers), qui a été transformé en musée. Seuls 200 d’entre eux ont survécu. Les espaces de détention et de torture ont été conservés en l’état, de même que la maternité, où plus de 30 femmes donnèrent naissance à des bébés avant d’être assassinées. Au sous-sol, certains détenus étaient drogués avant d’être transférés dans un avion militaire, d’où ils étaient jetés vivants au-dessus du Rio de la Plata. L’avion en question est exposé dans l’Espace.
En raison du congé de Carnaval, nous ne pouvons malheureusement pas visiter les bâtiments. Sur le parcours, l’audio guide téléchargeable sur internet nous fournira des explications sur la fonction de certains d’entre eux – on y rencontre même une chapelle, dont le prêtre soutenait les activités du Centre – et nous pourrons lire sur des panneaux le destin de quelques disparus, que les associations de défense des droits de l’homme estiment à environ 30’000 au total.








Museo Malvinas
Dans l’enceinte de l’Espace de la mémoire, nous découvrons le Musée des Malouines, qui lui, est ouvert. Ce musée, inauguré en 1914, invite à découvrir la géographie, la flore et la faune des Îles Malouines ainsi que leur histoire político-culturelle, en vertu de laquelle l’Argentine revendique la souveraineté sur ces îles. Une visite s’impose, qui s’avère très intéressante. Nous y passons environ deux heures, entrecoupées par un pique-nique à l’extérieur.
La visite commence par une vidéo sur l’histoire des Malouines, puis par la présentation détaillée de cette histoire à partir de la fin du 15e siècle jusqu’en l’an 2000, sur un panneau circulaire. Une histoire qui montre que cet archipel était et reste convoité par plusieurs nations (France, Royaume Uni, Espagne, puis Argentine), essentiellement pour des raisons stratégiques, mais aussi économiques (pêche, chasse aux phoques et plus récemment pétrole). Au 1er étage, un secteur est consacré à la guerre des Malouines, qui a fait 649 morts du côté argentin, dont 323 faisaient partie de l’équipage du croiseur General Belgrano, torpillé par un sous-marin britannique. À l’extérieur, une sculpture représentant ce croiseur est installée dans une fosse, où des panneaux racontent le déroulement de ce naufrage. Un autre secteur présente la richesse de la faune et de la flore des Malouines.












Le grand message qui ressort de cette visite est que, en dépit du refus obstiné des Britanniques de négocier, comme le demandent plusieurs résolutions de l’ONU, les Malouines appartiennent à l’Argentine. Un message profondément ancré dans l’esprit des Argentins, comme l’attestent les nombreuses affiches placardées sur les bus de Buenos Aires et un peu partout: « Las Islas Malvinas son argentinas ».


Pour comprendre l’origine du conflit: https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Guerre_des_Malouines