(20 mars – 4 avril)
C’est une tout autre culture, mais surtout une autre langue qui nous attend au Brésil. Nous étions à la fois impatients et curieux, mais aussi un peu insécurisés face à ces deux parfaites inconnues. Une nouvelle aventure commençait. Arrivés à l’aéroport de Rio, nous nous heurtons d’emblée à l’obstacle de la langue. Si le personnel parle parfois anglais, il n’en est pas de même des annonces par haut-parleurs. Malgré les premières leçons de portugais sur Duolingo et Babel, nous n’y comprenons strictement rien! En plus, ce n’est pas en portugais, mais en brésilien que s’expriment les gens. Une prononciation complètement différente, avec laquelle nous avons de la peine à nous familiariser. Les premiers mots que nous apprenons sont « obrigado / obrigada » (merci), « bom dia » (bonjour), prononcé « bom djia »et « tudo bem » (tout va bien / c’est tout bon), prononcé « tudu bem ». Bref, la prononciation est rarement conforme à l’écrit, d’où la difficulté de compréhension orale. Généralement les gens ne parlent que brésilien, rarement espagnol, dont ils connaissent parfois quelques rudiments, et encore plus rarement anglais. Nous aurons donc souvent recours aux application de traduction pour nous faire comprendre. A part ça, les gens sont très accueillants, et surtout pas compliqués, toujours prêts à nous aider de leur mieux. A notre grande surprise, les formalités d’entrée dans le pays sont extrêmement rapides et simples. Nous voici donc au Brésil pour un peu plus de deux mois!
Rio de Janeiro
Durant le trajet en taxi de l’aéroport à notre appartement, nous passons devant des secteurs très pauvres, caractérisés par un entassement de petites maisons en briques au toit de taule ondulée. Il s’agit des fameuses favélas. Le chauffeur, qui parle un peu espagnol, nous explique qu’il en existe plus de 1000 et nous recommande de ne pas nous y aventurer, sous peine de nous faire dépouiller. Après mille et un détours, nous arrivons dans le quartier populaire de Lapa, et le chauffeur nous dépose dans une rue plutôt calme, au bout d’une impasse. Notre appartement est situé au 4ème étage d’un immeuble très sécurisé, gardé 24h sur 24, dont l’entrée se trouve sur un palier, qu’on atteint après avoir gravi les 30 premières marches d’un immense escalier. Mais nous disposons heureusement d’un ascenseur. Appartement très joli, soigné, et bien équipé, où la propriétaire nous accueille chaleureusement… en brésilien!






Après nous être familiarisés avec notre quartier, repéré ses commerces et ses supermarchés pour y faire nos courses, nous entreprenons de découvrir les principales curiosités de Rio. Malheureusement dès le 4ème jour de notre séjour, le temps se met à la pluie pour une semaine, limitant fortement nos sorties et nous obligeant à différer certaines visites.
Escadaria Selarón
Un escalier unique, transformé en œuvre d’art par un artiste chilien, Jorge Selarón, qui a recouvert les 215 marches de mosaïques de toutes les couleurs, en hommage au peuple brésilien. Beaucoup, beaucoup de monde!




Arcos de Lapa
Nous redescendons de l’escalier par une rue décorée de graffitis pour photographier cet aqueduc de 42 arches de 64 m de haut, bâti au 18ème siècle pour acheminer l’eau du fleuve Carioca au centre-ville. Aujourd’hui, il est emprunté par le fameux « bonde », un tramway touristique qui circule entre le Centro et Santa Teresa. Magnifiques bâtiments de style colonial dans le périmètre de la grande Plaça Cardeal Câmara.









Balade dans le Centro
Ce même jour (samedi 23 mars), nous faisons une première incursion dans le centre historique. De la Plaça Floriano, où a été érigé en 1910 le monument en hommage au Maréchal Floriano Peixoto, deuxième président de la république, nous apercevons le splendide et réputé théâtre municipal datant de 1909, qui héberge l’Opéra, l’Orchestre et le Ballet de Rio. Nous n’aurons malheureusement pas l’occasion de le visiter.




Impressionnés par l’architecture moderne des maisons-tours de ce secteur, nous nous dirigeons ensuite vers la Praça Estado da Guanabara, dominée par l’église São Francisco da Penitência et le couvent de Santo Antônio, l’un des ensembles coloniaux les plus anciens de Rio (17e – 18e siècle).





Lundi après-midi, nous nous rendons une deuxième fois dans les Centro, avec comme objectif principal, un café-dessert dans la fameuse Confeitaria Colombo, un établissement luxueux datant de la fin du 19ème siècle de style Art nouveau, avec ses vitraux et miroirs ouvragés. Nous voulions déjà y entrer samedi, mais y avions renoncé au vu de l’affluence! Un beau moment, pour les yeux et le palais…




Avant de rentrer, un petit crochet par l’immense place semi-circulaire du 15 novembre.


Le Museo do Amanhã
Situé dans le prolongement de la Praça Mauá au bord de l’eau, ce magnifique musée des Sciences à l’architecture originale propose des expositions interactives sur notre origine, la biodiversité, les rapports entre les êtres humains, les conséquences de nos activités sur l’environnement et nous invite à réfléchir au futur que nous souhaitons. Il est tellement riche et intéressant que nous y viendrons une deuxième fois. Soit dit en passant, à Rio, l’entrée aux musées, comme d’ailleurs les transports publics, sont gratuits pour les plus de 65 ans.








Cette salle incite particulièrement à la réflexion…











De la Praça Mauá part le Boulevard olympique, une large promenade le long de la ligne de tram, où l’on peut voir de spectaculaires œuvres de street art, peintes par des artistes de renom, dont Eduardo Kobra, spécialiste de fresques géantes.






Le tram jaune
Ce n’est pas celui de Lisbonne, mais ça y ressemble, en tout cas par le nombre de touristes qui l’empruntent. Le « bonde » est le dernier des tramways historiques qui sillonnaient la ville autrefois. Il relie le Centro au quartier bohème de Santa Teresa, en passant sur les fameux Arcos de Lapa. Un très beau trajet, avec de belles échappées sur la ville et plein de graffitis. On achète un billet aller-retour, valable toute la journée; il est donc possible d’en descendre et d’en remonter à sa guise. Partis à 08h30 avec le premier tram aux 2/3 vide, nous nous arrêterons à Santa Teresa pour un café dans un chouette petit bistro, puis marcherons jusqu’au Parque das Ruinas (voir ci-après).




le petit café de la place Largo dos guimarães





parque das Ruinas
Depuis le Largo dos Guimarães, nous longeons la route qui nous mène en une quinzaine de minutes au Parc des Ruines. Dans ce parc subsistent les vestiges (murs extérieurs en briques et un escalier récent) de la résidence de l’héritière brésilienne Laurinda Santos Lobo. Pendant de nombreuses années et jusqu’à sa mort en 1946, sa maison fut un lieu de rendez-vous pour les milieux artistiques et intellectuels de Rio. Un espace d’exposition est aménagé au rez-de-chaussée. Du haut de la terrasse supérieure, on jouit d’un panorama magnifique. Malheureusement ce jour-là, le temps est gris et brumeux.











Nous reprenons ensuite le bonde depuis la station toute proche et rejoignons la gare de départ vers 11h30, où entre-temps s’est formée une queue de plus d’une heure d’attente..
Catedral Metropolitana
Nous avions déjà remarqué cet édifice très spécial en forme de cône en visitant les Arcos de Lapa et depuis la station inférieure du bonde: c’est une cathédrale! Inaugurée en 1976 après 12 ans de travaux, l’imposante Catedral Metropolitana peut accueillir jusqu’à 20’000 fidèles. A l’intérieur, elle se distingue par quatre vitraux spectaculaires de 60 m de hauteur. Une visite qui en valait la peine!








Museu de Arte do Rio
Donnant sur la Praça Mauà, le Musée d’Art de Rio présente des expositions variées. A l’entrée, une grande affiche et une série de panneaux annonce le thème du carnaval, que nous retrouverons sur deux niveaux.




Nous commençons par monter sur la terrasse du 6ème et dernier étage, qui offre une vue spectaculaire sur la place, le musée Amanhã et la baie.

Un étage plus bas, de magnifiques photos et de la musique nous met dans l’ambiance du célèbre Carnaval de Rio, que nous avons malheureusement manqué.


Puis nous accédons par un couloir à l’ancien bâtiment, où une série de salles très intéressantes sont consacrée à l’évolution de la musique Funk, depuis les années 70 à nos jours, sur fond de lutte contre le racisme anti-noir. Photos et tableaux, casques audio, nous plongent dans cet univers musical particulier propre au Brésil.






Nous continuons à descendre pour retrouver une autre salle dédiée au Carnaval de Rio, qui présente, cette fois en trois dimensions, toute la richesse des costumes et des décorations utilisés dans cette grande fête.


Enfin au rez-de-chaussée, une magnifique exposition de l’artiste brésilienne Nádiá Taquary, établie à Salvador de Bahia. Nous passerons un long moment à contempler son extraordinaire et spectaculaire installation intitulée Ònà Irin (chemin de fer en langue yoruba), réalisée dans une salle complètement fermée par des miroirs. Si bien que les rails s’y multiplient à l’infini, symbolisant la dynamique de la vie, avec ses destinations, ses perspectives et ses croisements, célébrant la poésie du mouvement, de la communication et de la technologie. Quant aux sculptures, elles évoquent le féminisme ancestral et les divinités (orishas) de la religion yoruba, importée au Brésil par les esclaves africains. Lien vers une interview de l’artiste (pour celles et ceux qui comprennent le portugais!): https://youtu.be/Pca9CDlqRwQ?si=2UXpNIDVvUtgc5P0






Pain de sucre
Une des visites incontournable de Rio est naturellement le Pão Açucar, cet impressionnant monolithe de granit de 395 m d’altitude. On y accède par deux téléfériques successifs, le premier menant au Morro da Urca (220 m). Enfin le soleil brille à nouveau sur Rio et le ciel est en grande partie dégagé. Nous attendions ce moment pour rejoindre ce point de vue extraordinaire. Au vu de l’affluence prévisible, nous prenons le bus tôt le matin pour nous rendre au départ du téléphérique, que nous atteignons vers 8h30. Nous serons une trentaine de personnes à monter dans la première cabine. Au bout du premier tronçon, la grande terrasse du Morro da Urca offre déjà de superbes points de vue, et aussi des boutiques et des cafés, où nous ne nous arrêterons toutefois pas.






Il faut marcher une centaine de mètres pour prendre le second téléférique, qui nous mène rapidement au sommet du Pain de sucre. Nous profitons largement du panorama spectaculaire offert par les différentes terrasses. C’est de l’une d’elles que nous boirons un excellent café. Ensuite, une fois qu’on a fait le tour, nulle raison de s’attarder davantage, d’autant plus que la cabine suivante, déjà bondée, est arrivée.










Avant de rentrer, nous nous posons quelques instants sur la magnifique petite Praia Vermelha, située juste à côté de la station inférieure du téléférique.




Puis nous faisons un aller – retour sur le chemin longeant la mer et donnant accès au sentier raide menant au sommet du Morro da Urca.




Merveilleux jardin botanique
Une autre merveille de Rio qu’on ne doit pas rater. Ce superbe parc de 140 hectares est considéré comme l’un des plus importants jardins botaniques du monde. Outre la connaissance de plantes et d’arbres venant du monde entier – plus de 6000 espèces – c’est aussi un havre de paix et de contact avec la nature où il fait bon se promener. Il a été créé par le prince régent du Portugal Dom João VI, qui s’est installé à Rio en 1808, avec l’objectif initial d’amplifier les exportations agricoles du Brésil en y faisant cultiver des épices d’Inde et autre plantes. Une pure merveille, un vrai coin de paradis, où nous passerons près de trois heures, sans en avoir fait le tour!


Non loin de l’entrée, nous découvrons un espace dédié aux cactus, plantés dans de la terre aride, en partie sous serre, au beau milieu d’une végétation luxuriante.








Nous poursuivons notre chemin selon un itinéraire recommandé, dans cet univers végétal romantique…




Une des perles du jardin, sans doute la plus belle, est cet étang aux nénuphars géants Victoria amazonica, originaires des zones inondées de l’Amazonie. Dans sa région d’origine, une feuille peut atteindre jusqu’à 3 m de diamètre!






En faisant le tour de l’étang, nous apercevons le sommet du Corcovado et son Christ Rédempteur, que nous visiterons le lendemain, et parvenons à un cyprès chauve (dénommé ainsi en raison de son feuillage caduc – une rareté chez les conifères), arbre emblématique de la Louisiane, qui développe des racines aériennes.




Au cours de notre itinéraire, nous découvrons successivement encore une serre de plantes carnivores,…


… un espace très intéressant consacré aux abeilles,…




… ainsi qu’une grande et splendide serre à orchidées, telle que nous n’en avions jamais vue.






Nous terminons notre circuit en empruntant la fameuse allée de palmiers impériaux, originaires de Malaisie, dont le plus grand atteint 48 m de hauteur.





Le Christ Rédempteur
Bien sûr, nous ne pouvions pas quitter Rio sans visiter ce monument emblématique de la ville. L’impressionnante statue (1145 tonnes / 38 m de hauteur) a été édifiée de 1922 à 1926 au sommet du Corcovado, à 710 m d’altitude. On y accède par un train à crémaillère qui part toutes les 30 min pour un trajet de 20 minutes. Grâce à un transport rapide en taxi, nous attrapons le premier train. Sur la terrasse, les gens font la queue pour se faire photographier devant le Christ. La vue sur la baie est ici aussi exceptionnelle; on domine le Pain de sucre qui se trouve 300 m plus bas et on observe plusieurs autres dômes granitiques dans la région.










Praia Flamengo
Après la visite du Christ Rédempteur, nous interrompons notre course de retour en bus pour fouler le sable fin de la plage Flamengo, une belle plage, à l’eau malheureusement très polluée… Nous longeons ensuite le parc ombragé du même nom, puis reprendrons le bus pour Lapa, notre quartier.








Lapa
Avant de quitter Rio, quelques mots encore sur notre quartier de Lapa. Un quartier animé, avec beaucoup de trafic dans la rue principale, qui compte de nombreux magasins, supermarchés et restaurants. Nous trouverons à peu près tout dans le grand supermarché « Mondial », situé à 300 m de chez nous. Magasin de produits naturels à 200 m, où l’on peut boire un bon café. En plus, à proximité, un très grand marché de fruits et légumes le samedi. Et dans la rue principale. Bref, une fois de plus, nous avons choisi un bon emplacement!






Question restaurants véganes, nous serons moins bien gâtés: de la viande, du poisson et du fromage dans quasi tous les plats! Heureusement le soir de notre arrivée, nous découvrirons un restaurant doté d’un large buffet, où nous mangerons deux fois. Ci-dessous, les menus d’un petit bistrot situé dans notre ruelle; pas chers: des plats à partir de 13 reals (10 reals = CHF 1.80). (frango = poulet).

Dans un des bistrots du quartier, nous assisterons, en buvant une caipirinha, au match amical de foot opposant le Brésil à l’Angleterre, où le Brésil s’est finalement imposé par 1 – 0.

Dans le secteur, de beaux bâtiments de l’époque coloniale.


Pour terminer sur une note moins gaie, nous avons été frappés par le nombre élevé de gens dormant sur le trottoir, parfois à même le sol, dans la totale indifférence des passants.

Nous avons également été abordés par nombre de mendiants, dont le principal souci est de trouver à manger. Dans la mesure où nous disposions de petits billets, nous avons contribué à soulager quelque peu la misère, et il était touchant de voir la joie éclairer le visage de celles et ceux que nous avons aidés.
Après 15 jours de vie citadine pas forcément toujours reposante, nous nous réjouissons de notre prochain séjour sur une belle et grande île, Ilha Grande, située au Sud de Rio, où nous profiterons de quelques-unes des plus belles plages du Brésil.