Sonja et Roland Gurtner, les bourlingueurs

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Bolivie

(6 juin au 6 juillet)

C’est en milieu d’après-midi que nous arrivons au Pacific Apart Hotel, dans un quartier très tranquille, non loin du périphérique, où nous trouverons un grand supermarché, des petits commerces et des restaurants. Un bel appartement avec balcon et piscine sur le toit, offrant une magnifique vue sur la ville.

Comme toujours, la première préoccupation lorsque nous avons loué un appartement avec cuisine est de faire nos provisions alimentaires pour les jours que nous allons y passer (ici une semaine). Le supermarché se trouve tout près d’un objet très particulier: un avion pirate! Pirate, car il s’agit d’un appareil américain de Lockheed, qui se livrait à la contrebande et qui a été intercepté et saisi en 1961 par les forces aériennes boliviennes après plusieurs atterrissages nocturnes suspects à l’aéroport de Santa Cruz. Après avoir servi de bibliothèque, de succursale de banque et d’objet publicitaire, il a finalement été rénové et entreposé là comme attraction touristique.

Aïe, ma cheville!

Le lendemain de notre arrivée allait être un jour maudit. En effet, Sonja s’est méchamment foulé la cheville gauche devant notre hôtel, sur un trottoir en pente constitué de catelles lisses et glissantes. Dans la matinée, unn marchand de fruits et légumes est passé dans notre rue et nous en avons profité pour nous approvisionner en produits frais. Malheureusement nous n’avions pas de pesos boliviens (que nous aurions pu nous procurer sur le trajet en taxi depuis l’aéroport – mais pressés d’arriver à notre hébergement, nous y avions renoncé) et donc, contre remise d’une carte d’identité, nous avons convenu de payer notre marchand lorsqu’il reviendrait vers 12h00. Le voilà qui arrive vers 12h45, et Sonja me demande de descendre; mais comme j’étais en train de faire la vaisselle, c’est elle qui est descendu… et qui a glissé! Je la vois alors arriver en boitant et en pleurant de douleur. La cheville est très enflée et extrêmement douloureuse. Vite, une patte mouillée dans le congélateur, que je ressors congelée et que j’applique sur le cheville surélevée, après l’avoir enveloppée dans un linge. Un soin que je renouvellerai plusieurs fois. Puis je me rends à la pharmacie du quartier pour me procurer un gel, de la gaze et une bande élastique. Dans un premier temps, Sonja ne peut plus poser le pied et je dois la soutenir pour aller à la salle de bain. Par la suite elle recommencera progressivement à marcher et pourra même, à la fin de notre séjour, effectuer un trajet jusqu’au parc le plus proche, avec retour en taxi. C’est également en taxi que nous nous rendrons ensemble jusqu’à la place principale de Santa Cruz, la place du 24 septembre, où se trouve la cathédrale et les bâtiments publics de style colonial. Mais il est bien clair que dans ces circonstances, notre visite de Santa Cruz s’est limitée à la portion congrue.

Plaza 24 de Septiembre

Dominée par la cathédrale, entourée de plusieurs édifices publics, cette grande place très conviviale constitue le cœur de Santa Cruz et un lieu de réunion important pour tous les habitants. Outre la cathédrale, on y trouve notamment le siège du gouvernement départemental, le bâtiment de la municipalité, la maison de la culture et les bureaux du parlement.

protestation Politique

Devant le bureaux du Parlement, une manifestation pour demander la libération des prisonniers politiques. Comme en Argentine, la dictature est passée par là…

plaza de manzana uno

Très belle place derrière le bâtiment du Parlement, avec un espace dédié aux Arts, la Galeria Manzana Uno. On y trouve notamment une statue dédiée à l’illustre chanteuse Gladys Moreno, native de Santa Cruz. Une exposition de photos réalisées par un artiste équatorien attire notre attention.

Parque El Arenal

Un lieu de détente consistant en une belle promenade autour d’une lagune avec de nombreux bancs, idéal pour un entraînement de jogging matinal. Sur une île de la lagune, un bas-relief du célèbre artiste bolivien Lorgio Vaca dépeint des aspects historiques et contemporains de Santa Cruz.

Cette semaine passée à Santa Cruz aura été synonyme de détente et de repos, surtout pour Sonja, qui s’est vue confinée, par grand beau temps, dans notre appartement, heureusement très confortable.

Prochaine destination: Samaipata, dans les montagnes, une étape avant Vallegrande, où nous irons sur les traces du Che, qui a été capturé et exécuté en 1967 près de La Higuera, à deux heures de route de là.

De Santa Cruz à Samaipata, ce sont 120 km de route à parcourir en un peu moins de 3 heures. Nous choisissons de nous y rendre en transport privé, un break de l’agence « Expreso Samaipata », qui viendra nous chercher à notre hôtel. Située dans les contreforts de la Cordillera Oriental à 1700 m d’altitude, ce village de 4500 habitants dégage une atmosphère paisible et décontractée. Son nom signifie « repos dans les hauts plateaux » en quechua.

Plaza 15 de Diciembre

Effectivement, en arrivant au centre de la localité, nous découvrons une place tranquille, très agréable, agrémentée de nombreuses sculptures en pierre, et entourée de plusieurs cafés, restaurants et boutiques d’artisanat.

El Fuerte

On vient principalement à Samaipata pour visiter le site pré-inca d’El Fuerte, situé à environ 10 km. Un site extraordinaire, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, qui occupe le sommet d’une colline. Mais avant de visiter ces ruines, il est intéressant de faire d’abord un tour au musée archéologique.

museo archeológico

Un beau petit musée, très riche et intéressant, qui expose des trouvailles de différentes époques mises à jour à El Fuerte, accompagnées d’explications sur le site. Une excellente préparation à la visite sur le terrain.

El fuerte, un site étonnant

Il consiste en une dalle de pierre longue de 100 m et présente diverses sculptures. Parmi les motifs zoomorphiques de la dalle figurent des pumas et des jaguars en relief (symboles de puissance) et de nombreux serpents (symboles de fertilité). Il ne reste aucun édifice sur pied, mais les vestiges de quelque 500 habitations ont été découverts dans les environs. Le site a été occupé par divers groupes ethniques dès 2000 av. J.-C., mais les Incas, ses plus célèbres « propriétaires », n’y arrivèrent qu’en 1470. Les Espagnols le découvrirent à leur tour et le pillèrent. Supposant qu’il jouait un rôle défensif, ils lui ont donné le nom de « fuerte » (« fort » en espagnol). Mais selon l’hypothèse la plus largement reconnue, il s’agirait d’un ancien temple dédié au culte du serpent et du jaguar.

C’est en taxi que nous nous rendons sur le site; le chauffeur nous attendra à l’entrée durant le temps de notre visite. Jusqu’à un passé récent, il était encore possible de se promener sur la dalle. Afin de protéger cette dernière, c’est désormais interdit. Mais un agréable sentier comportant deux miradors en fait le tour et nous permet d’apercevoir l’essentiel. En raison de la cheville blessée de Sonja, nous progressons lentement et prudemment, avec de nombreuses pauses, et mettrons un peu moins de deux heures pour effectuer la boucle.

C’est d’ici que l’on peut observer les sculptures les plus intéressantes, quoique déjà bien détériorées par l’érosion, représentant deux divinités: d’une part le serpent, dont le dos est formé par deux canaux parallèles, à l’intérieur desquels et sur les côtés sont taillées des canaux plus petits en forme de double zigzag; d’autre part le jaguar, taillé en forme de cercle, dont on observe trois exemplaires.

La partie Sud de la dalle comportait un certain nombre de temples incas avec des niches creusées dans la roche, où étaient déposées des momies et des idoles.

Lieu historique

Le même chauffeur qui nous a véhiculés jusqu’à Samaipata nous conduit en un peu plus de 2 heures à Vallegrande, une petite ville de 17’000 habitants située à 2100 m d’altitude. Sans le savoir, nous aboutissons dans un lieu historique, l’hôtel Teresita. En effet, c’est dans une salle de celui-ci, qui constitue actuellement la réception et la salle du petit déjeuner, qu’a eu lieu la conférence de presse mondiale destinée à divulguer au monde entier les détails de la mort du Che Guevara. Sur la paroi à droite de l’entrée, des textes et photos tirés d’un livre d’un journaliste qui a vécu cet événement. La couleur est annoncée, nous sommes sur les traces du Che!

Un hôtel bien situé

Un hôtel dont toutes les chambres donnent sur une cour intérieure, mais qui, du moins en hiver (nous sommes le 20 juin), ne reçoit aucun rayon de soleil, d’où des soirées et matinées frisquettes! Une terrasse un peu encombrée, qui sert uniquement de séchoir à linge, offre une belle vue sur les toits. L’hôtel est situé à deux pas de la très belle place principale, la Plaza 26 de Enero, dominée par l’église datant du 19e siècle. Magnifique Lapacho rose, qui fleurit en hiver dans la partie orientale de Bolivie.

Problèmes d’argent…

Il est près de midi lorsque nous arrivons à Vallegrande. Nous nous mettons donc en quête d’un restaurant. Mais auparavant, il nous faut trouver un bancomat, car nous ne possédons en tout et pour tout que 60 bolivianos. Malheureusement les 3 distributeurs de billets de Vallegrande n’acceptent que la carte Visa, que nous ne possédons pas. Un peu inquiets de cette situation, nous nous dirigeons vers le seul restaurant de la place, qui par chance, offre un plat végétarien pour 25 bolivianos. Avec une petite bouteille d’eau, cela fait tout juste 60. Nous voilà donc sans un sou! Comment allons-nous survivre? Nous sommes ici pour trois jours et nous devons encore nous acquitter du loyer et payer l’excursion d’une journée à la Higuera… Notre hôte, heureusement, est l’un des seuls de la place à accepter les paiements par carte. Et donc la solution est toute trouvée: nous pouvons lui acheter, avec notre carte Master, tout l’argent liquide dont nous avons besoin durant notre séjour. Soulagés!

La Ruta del Che

C’est le nom du circuit proposé par l’office du tourisme de Vallegrande consistant à suivre les traces du Che Guevara, depuis la clairière où il a été capturé jusqu’au lieu où sa dépouille a été retrouvée 30 ans après son enterrement à Vallegrande dans une fosse commune. Il y a des lieux du souvenir à visiter à Vallegrande, mais le plus logique est de commencer à La Higuera, pour suivre l’ordre chronologique. Or il se trouve que le propriétaire de la Residencial Teresita est un excellent guide; et il qui nous propose à la fois le voyage à la Higuera et le tour de Vallegrande.

Excursion d’une journée à La Higuera

Dans une vieille Toyota conduite par un chauffeur du lieu, nous partons à 09h00 avec notre guide sur une route de montagne cahoteuse et poussiéreuse en direction de la Higuera, un hameau de 120 habitants complètement isolé à 2100 m d’altitude. Le trajet durera environ 3 heures (avec les arrêts), dans un paysage magnifique.

le che en bolivie

Mais qu’est donc venu faire le Che dans ce coin perdu? Après avoir quitté Cuba et disparu complètement de la circulation (au point qu’on le disait mort ou devenu fou), le Che entre en Bolivie le 3 novembre 1966 avec un passeport uruguayen au nom d’Adolfo Mena, sous un aspect nouveau, soigneusement travaillé par l’intelligence cubaine: crâne dégarni, lunettes avec monture en écailles, costume et cravate. Personne n’est capable d’imaginer que derrière cet accoutrement se cache l’un des hommes les plus recherchés par la CIA. C’est dans la région de Ñancahuazú, au Sud-Est de la Bolivie, que le Che achète un domaine agricole pour y établir son camp de base. Son but: constituer un foyer de guérilla, destiné à essaimer dans les pays voisins – il déclarait vouloir faire un, deux, plusieurs Vietnams – afin de lutter contre l’impérialisme américain (d’où le choix de la Bolivie, située au centre du continent). Cette région constituera le théâtre d’opérations du Che et de sa petite armée de quelques dizaines d’hommes.

premier arrêt: le Béret du che

Lors du 30e anniversaire de la mort du Che, des touristes ont déniché ce rocher qui rappelle le mythique béret du Che, sur lequel on a peint l’étoile rouge. Ce lieu, indiqué par une pancarte, est en même temps un mirador offrant une vue sur la vallée, dont l’accès est malheureusement barré pour cause de pâturage.

deuxième arrêt: pucara

Au bout d’environ 1h30 de route, nous aboutissons au village de Pucara, fondé en 1748 par les Espagnols pour contenir les attaques fréquentes des indigènes guaranis sur la route entre Santa Cruz et Potosi (2000 hab., 2455m d’altitude). Arrêt café – WC, puis promenade sur la place et alentours. Le maïs, principale culture, est séché sur la petite place dominant le village. Les anciens murs et pavés laissés en l’état alternent avec les maisons et les rues rénovées.

troisième arrêt: vue sur le dernier refuge du che

En approchant de la Higuera, un sentier conduit à la clairière où le Che a mené sa dernière bataille avant d’y être capturé. Nous n’avons pas prévu d’y aller, car c’est 3 heures de marche aller-retour sur un sentier difficile. Impossible avec la cheville de Sonja, qui se remet difficilement. Mais il existe un point de vue depuis la route, d’où l’on aperçoit la gorge du Choro, dernier refuge du Che et de sa petite troupe.

Des photos glanées sur internet nous permettent tout de même d’avoir un aperçu du lieu.

La capture du che

C’est donc dans ce ravin que le Che a livré son dernier combat le 8 octobre 1967. Une bataille de trois heures très inégale (17 guérilleros complètement encerclés par des centaines de soldats), qui se solde par la capture du Che, la mort de trois de ses compagnons et un autre gravement blessé, les autres s’étant dispersés. * Blessé à une jambe, son fusil endommagé par une balle, le Che se rend et est emmené à l’école de La Higuera.

* Une défaite inéluctable, qui s’explique non seulement par le manque de soutien de la part des paysans boliviens et la volonté du président bolivien de l’époque, René Barrientes Ortuño, d’éradiquer la guérilla. Ce dernier avait fait appel à la CIA, dont une équipe d’instructeurs spécialisés en guérilla avaient formé sur place un détachement de rangers. Au printemps déjà, l’armée bolivienne avait occupé le camp de base de la guérilla. Petit à petit, l’étau s’était resserré sur le groupe de guérilleros. Pris plusieurs fois dans des embuscades, dénoncés par un paysan venu arroser son champ de patates, le groupe s’était vu cerné et obligé de se cacher dans ce ravin de la Quebrada del Choro.

QUATRIÈME arret: plaque commémorative

Quelques centaines de mètre avant La Higuera, une plaque commémorative rappelle que 3 compagnons du Che sont morts ici suite à une embuscade tendue par l’armée bolivienne le 26 septembre 1967.

La Higuera

La casa del telegrafista

Il est près de 13h00 lorsque nous entrons à La Higuera et donc, avant de visiter le village, nous nous rendons dans le restaurant situé une centaine de mètres avant la place du village. Il s’agit de la Casa del Telegrafista, un lieu historique, qui a été aménagé en hôtel par un couple de Français installé ici depuis 20 ans. Lieu historique, car il héberge le local, aménagée en bar, mais parfaitement préservé, où l’armée bolivienne avait installé un télégraphe destiné à communiquer avec la hiérarchie. C’est notamment d’ici qu’a été transmise la nouvelle selon laquelle un paysan avait localisé la présence des guérilleros dans la région. Accueil chaleureux et excellent repas végane, spécialement préparé pour nous. Un lieu très reposant.

La plaza del che

Un immense buste du révolutionnaire domine la Plaza del Che, où se dresse également une statue en ciment deux fois plus grande que la taille du Che. Une photo devant ce héros universel, dont nous partageons pleinement l’idéal de justice et de paix et la lutte contre l’impérialisme, est indispensable.

Museo comunal

Ce musée est une reconstitution de la salle de classe où le Che a été détenu et exécuté le 9 octobre. Outre du mobilier, on y trouve de nombreux documents de la vie du Che sous forme de photos, de citations, de croquis, d’extraits du journal du Che, de littérature, spécialement concernant les derniers jours du Che. Il est émouvant de penser que le Che a vécu ici ses dernières heures, avant d’y être exécuté. Les circonstances détaillées de son assassinat sont relatées dans un article de Wikipedia. En résumé, le gouvernement voulait faire croire que le Che était mort au combat, d’où son exécution par une rafale de mitraillette. La décision de le tuer a été prise par le président bolivien René Barrientes Ortuño, sous influence (ou non) de la CIA. https://fr.wikipedia.org/wiki/Che_Guevara

Retour à Vallegrande

Le retour à Vallegrande se fait plus rapidement, en un peu moins de deux heures, avec juste un arrêt vers une source d’eau au bord de la route, où l’on se rafraîchit et remplit sa gourde. Le corps du Che quant à lui, est transporté sans tarder à Vallegrande en hélicoptère pour y être exposé au public et à la presse le jour suivant (les autres guérilleros morts y sont acheminés en camion). Le lendemain, notre guide nous fera visiter les lieux historiques de la ville, toujours en rapport avec l’histoire du Che et de ses compagnons.

Lieux historiques

La lavanderia

C’est dans la buanderie de l’Hospital Señor de Malta que le corps du Che a été préparé (injections de formol), afin d’être présenté à la presse mondiale. Des centaines de personnes, soldats, civils, curieux viennent voir le corps. L’hôpital est toujours en activité, mais la buanderie est devenue un lieu de pèlerinage, où des graffitis rendent hommage au révolutionnaire.

la morgue

Le corps est ensuite entreposé à la morgue de l’hôpital, où l’on a sectionné les deux mains du Che et où on a également confectionné une empreinte de son visage, le tout ayant été envoyé au gouvernement de La Paz pour identification. Le président bolivien avait d’abord ordonné qu’on lui coupe la tête, mais le directeur de l’hôpital s’y opposa, jugeant cette pratique indigne.

Le 11 octobre, les officiers boliviens transfèrent et inhument les dépouilles des guérilleros dans un endroit tenu secret, afin d’éviter qu’il ne devienne un lieu de pèlerinage.

la fosa de guerrilleros

C’est ici qu’on été enterrés douze guérilleros ayant appartenu à l’armée du Che. Plus tard, les dépouilles ont été rendues à leur famille, si bien qu’aujourd’hui, il ne reste que les plaques commémoratives. Un lieu de recueillement très tranquille.

Centro cultural ernesto che guevara

Pour marquer les 50 ans de la présence du Che en Bolivie, les autorités boliviennes ont construit ce centre culturel, qui abrite le mausolée du Che, un musée, une salle d’exposition, une bibliothèque et un auditoire. Le mausolée est l’endroit où a été enterré le Che avec 6 de ses compagnons. En 1995, un général bolivien à la retraite révéla que sa dépouille reposait sous l’aéroport de Vallegrande, brisant ainsi le secret militaire. Le corps du Che, clairement identifié par l’absence de mains, a été découvert en 1997, après deux ans d’intenses recherches. Il a ensuite été transporté à Cuba, où, après des funérailles de héros national, il repose désormais dans un mausolée à Santa Clara.

Le musée présente diverses photographies de la vie du Che et des fouilles réalisées pour découvrir sa dépouille, ainsi que des copies de son journal et de différents objets.

Ainsi se termine la « Ruta del Che », qui nous a permis de revivre, dans l’ordre chronologique, les événements liés à la guérilla menée par l’Argentin Ernesto Guevara en Bolivie, en vue de mettre fin à l’impérialisme des USA en Amérique du Sud. Un impérialisme qui sévit malheureusement encore toujours dans différentes parties du monde… On a tué le Che, mais pas son idéal et ses idées.

Le lendemain, nous retournerons à Santa Cruz avec le même chauffeur qui nous a amenés à Vallegrande, avec un arrêt à Samaipate pour le repas de midi. Nous passerons une nuit dans un hôtel proche de l’aéroport, avant de nous envoler pour Sucre.

Ancienne capitale, Sucre (280’000 habitants / 2750 m d’altitude) est connue pour sa riche architecture coloniale, ses nombreuses églises et musées ainsi que les divers sites et activités qu’elle offre aux alentours. Raison pour laquelle, nous avons décidé de passer 10 jours dans cette ville classée au Patrimoine mondial de l’Unesco, nichée dans une vallée entourée de montagnes désertiques, que nous découvrons depuis les airs.

Jolie petite maison avec jardin, mais…

Eh oui, une petite maison rien que pour nous, au calme et dans la verdure. Le seul hic: elle ne reçoit aucun rayon de soleil, du moins à cette saison – nous sommes le 24 juin, en plein hiver dans l’hémisphère Sud! Si les températures sont très agréables durant la journée, elles descendent à 4 – 5 degrés la nuit (nous sommes à 2750 m d’altitude). Heureusement nous disposons d’un chauffage électrique, mais vu le volume de la maison, il s’avère largement insuffisant. Grâce à 4 couvertures, nous n’aurons toutefois pas froid dans la chambre à coucher du 1er étage. Et pour la soirée, le chauffage fera office de cheminée dans un coin du salon… Quant au jardin, complètement négligé et bordélique, mais qui a son charme, il offre une surface ensoleillée de 10h00 à 17h30, dont nous profiterons largement; car même durant la journée, l’intérieur de la maison est un frigo!

Parque Bolivar

Un magnifique et grand parc bien ombragé, à 15 min de notre maison. Une distance acceptable pour la cheville de Sonja, qui doit être mobilisée modérément, sans engendrer trop de douleurs. On y passe d’agréables moments, à s’y promener ou à siroter un jus d’orange fraîchement pressé, assis sur un des nombreux bancs. Idéal aussi pour l’entraînement de jogging. Il est dominé par l’édifice de la cour suprême de justice. L’influence française est soulignée par une réplique en miniature de la tour Eiffel!

Parque cretácico

Il y a 65 millions d’années, le site de l’usine de ciment Fancesa (Frabrica Nacional de Cementos SA), à 5 km au Nord du centre-ville, semble avoir été fréquenté par de gros animaux écailleux. Lorsqu’ils dégagèrent le terrain en 1994, les employés de l’usine découvrirent une paroi argileuse portant environ 5000 empreintes d’au moins 8 espèces de dinosaures – la plus importante collection d’empreintes de dinosaures au monde. Le plan de falaise, qui fait 2 km de long et 110 m de haut, était autrefois le rivage d’un lac sur une région plane, qui s’est soulevée avec les mouvements tectoniques. Un saut de 65 mio d’années dans le passé, alors que l’être humain n’existe que depuis 3 mio d’années…Situé sur une colline, le site offre une belle vue sur la ville d’un côté ainsi que sur la paroi d’empreintes de l’autre côté. Il renferme plusieurs reproductions grandeur nature de dinosaures, une exposition de fossiles et de reproductions d’empreintes ainsi qu’un restaurant. Très bel aménagement, excellente vidéo explicative. Un moment agréable, à la fois intéressant et divertissant. Aller et retour en taxi; le chauffeur nous attendra au pied de la colline.

Plaza Pedro de Anzúles

Cette place est le lieu de fondation de la ville, dont le premier nom est « Villa de la Plata » (ville de l’argent), en raison de sa proximité avec les mines d’argent de Potosi. C’est une grande place paisible, qui offre une magnifique vue sur la ville. Elle est bordée par le couvent et musée de la Recoleta. Non loin se trouve également le remarquable Museo de Arte Indigena. Nous nous y rendrons en taxi, afin de visiter ces deux institutions.

Museo de Arte Indigena

Superbe musée principalement consacré aux textiles tissés par les peuples jalq’a et candelaria (Tarabuco), d’une finesse incroyable et d’une grande qualité technique et artistique. Grâce à la Fondation AZUR et à son Programme de Renaissance de l’Art Indigène, cet art traditionnel des peuples précolombiens, en même temps que leur culture, est préservée et valorisée et les revenus des familles paysannes sont améliorés. Dans ces œuvres, pleines de signification, toute une culture est représentée! Malheureusement il n’est pas permis de prendre des photos, sauf dans la boutique, où certaines œuvres sont en vente (j’ai tout de même réussi à en prendre une à la sauvette!). En revanche, j’ai pu photographier quelques pages du catalogue en français. Dans la boutique, une indigène fait la démonstration de son art.

Museo y Convento de la Recoleta

Fondé en 1600 par les Franciscains, le couvent compte 4 patios, dont l’un, le patio des orangers, donne accès à un jardin, où l’on peut admirer un énorme cèdre âgé de 1300 à 1400 ans. On l’appelle « l’arbre millénaire », déclaré monument historique en 1956. Impressionnant!

L’église, reconstruite au 19e siècle, comporte un chœur remarquable, avec des chaises sculptées dans du bois de cèdre. Musée interessant également, mais photos interdites. Ci-dessous tout de même le détail d’un chasuble finement tissé de fils d’or.

Au marché de Tarabuco

Tous les dimanches a lieu à Tarabuco, un village de montagne de 20’000 hab. situé à 3284 m d’altitude, à 65 km de Sucre, un grand marché pittoresque qui, paraît-il, vaut le détour. Ce dimanche 30 juin, nous nous y rendons donc avec notre chauffeur de taxi attitré, qui nous attendra le temps de notre visite. On y vend toutes sortes d’articles artisanaux, mais surtout les tissages de qualité que nous avions pu admirer dans le Musée d’art indigène. Sonja y trouvera un joli chapeau crocheté et un châle. Nous nous baladons durant heures dans ce marché animé et, après y avoir mangé à midi, regagnerons Sucre vers 14h.

Casa de la Libertad

Située sur un des côtés de la Plaza 25 de Mayo, la Casa de la Libertad est considérée comme le monument historique le plus important de Bolivie. En ces lieux se sont déroulés les événements qui ont conduit à l’indépendance du pays et la République bolivienne y a vu le jour. L’édifice destiné à accueillir l’Université pontificale de San Francisco Xavier fut érigé par la Compagnie de Jésus à partir de 1621. La Maison de la Liberté se convertit en musée à partir du deuxième tiers du 20e siècle. Emblématique et symbolique en même temps, cet espace d’ordre civique et culturel continue d’accueillir les cérémonies les plus importantes du pays. Dans le patio aux colonnes de granit, une statue en hommage au leader et martyr guarani Apiaguaiki Tumpa, qui a lutté pour la liberté de son peuple, dans le conflit de 1891 – 1892 qui l’opposait au gouvernement. Le plus bel espace est sans conteste la Salle de l’Indépendance, d’une grande importance historique: c’est ici que fut réuni le premier congrès constituant de la Bolivie qui signa l’acte d’indépendance le 6 août 1825. Au-dessus de la porte, on peut admirer une belle tribune taillée en bois de cèdre et dorée à la feuille d’or 24 carats. Des objets d’une grande valeur y sont exposés. L’Acte de l’Indépendance, les portraits des libérateurs Simon Bolivar (au centre), Antonio José de Sucre (à gauche) et de José Ballivian ainsi que deux de leurs épées qui ont servi dans plusieurs batailles victorieuses en font partie.

Plaza 25 de Mayo

Magnifique place principale de Sucre, plantée de jardins et de palmiers, entourée d’édifices importants tels que la cathédrale, la Maison de la Liberté, le siège du gouvernement ainsi que d’autres bâtiments de style colonial. En son centre trône la statue du maréchal Sucre, compagnon d’armes de Bolivar et second président de Bolivie.

En fin de compte, ces 10 jours passés à Sucre nous ont enchantés. Non seulement par la météo, qui était au beau fixe, mais aussi par les les visites intéressantes, qui n’étaient pas trop pénibles pour Sonja, grâce au taxi, dont nous avons largement fait usage (et qui n’était pas cher du tout – une course en ville coûte 10 bolivianos (env. CHF 1.30)

Depuis Sucre, nous avions envisagé d’aller à La Paz, la capitale, et de visiter, entre autres, le fameux Salar d’Uyuni, le plus vaste désert de sel du monde, et qui, à cette saison, devait être magnifique. Mais vu les problèmes qu’a connus Sonja à 4000 m, nous décidons de renoncer à nous rendre dans cette région des hauts-plateaux. Cependant nous sommes attirés par une autre région intéressante, qui se trouve dans les parages: le désert d’Atacama. Nous y avions renoncé lors de notre voyage au Chili en 2019, ayant fait le choix de la Patagonie. Mais cette fois pourquoi pas? A cette saison, il n’y fait pas trop chaud. Seul hic: le désert se trouve, lui aussi, aux environs de 4000 m; mais nous n’y resterions que 4 jours, ce qui ne devrait pas être trop problématique. C’est pourquoi, nous avons décidé de visiter encore cette région extraordinaire. Les réservations sont faites: pour se rendre à San Pedro de Atacama, il faut partir de Santiago du Chili, la capitale. Et pour rejoindre cette dernière, il faut partir de Santa Cruz de la Sierra. Donc depuis Sucre, vol retour à Santa Cruz, où nous passons une nuit non loin de l’aéroport, et le lendemain, vol à Santiago. La suite dans l’article suivant sur le Chili.


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